Le Débat sur la Semaine de 4 Jours : Pour et Contre

De nombreuses études démontrent que la plupart des individus ne peuvent pas être productifs 7 heures par jour, leur temps de productivité est généralement compris entre 3 à 5 heures par jour. Cependant, cela dépend de nombreux facteurs aussi bien internes qu’externes, comme par exemple l’environnement de travail, le niveau de fatigue ou bien de stress de la personne, mais aussi du type de tâches effectuées, … Il est important de noter que la productivité n’est pas seulement une question de temps, mais aussi de qualité et d’efficacité.

Pour se reconcentrer et se vider l’esprit, il faut en moyenne compter 10 minutes  ; chaque interruption coute donc 10 minutes de temps productif.

Plusieurs entreprises ont testé la semaine de 4 jours et ont pu constater les résultats suivants :

  • Une amélioration de leur productivité ; prenons l’Exemple de Perpetual Guardian qui a révélé avoir obtenu une augmentation de 20 % de la productivité après avoir instauré la semaine de 4 jours.
  • Une réduction de l’absentéisme, selon une étude Suédoise, une entreprise qui a adopté la semaine de 4 jours a enregistré une diminution de 10 % de l’absentéisme par rapport aux entreprises qui maintenaient une semaine de travail traditionnelle.
  • Un meilleur équilibre entre vie professionnelle-personnelle ; effectivement, une semaine de travail plus courte permet aux salariés de consacrer plus de temps à leurs engagements personnels et à leur bien-être. C’est pourquoi nous pouvons constater une amélioration de la satisfaction au travail, une réduction du stress et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
  • Une entreprise qui instaure la semaine de travail de 4 jours peut être perçue comme plus attractive par les chercheurs d’emplois. En effet, la flexibilité est devenue un des critères non négligeables de recrutement, c’est donc un bon argument à mettre en avant dans la recherche de nouveaux talents. De plus, cette politique permet de réduire le turn-over et donc d’améliorer la rétention des employés, l’entreprise est perçue comme soucieuse du bien-être de ses employés cela renforce donc sa réputation.
  • Un impact financier, la réduction du temps de travail sur 4 jours permet à l’entreprise de faire des économies, que ce soit une réduction de salaire avec la réduction des heures si le modèle de maintien de salaire n’est pas appliqué mais aussi une réduction du cout d’exploitation si l’entreprise est fermée un jour de plus.

Les salariés sont aussi productifs en 32 heures qu’en 40 heures et ce changement a pour conséquence une réduction des maladies liées au stress.

En résumé, des salariés heureux au travail sont des salariés fidèles, le turnover est donc réduit et la qualité du travail fournie est améliorée ce qui impacte positivement la productivité et potentiellement le chiffre d’affaires.

Il y a tout de même des limites à la semaine des 4 jours qui nécessitent de prendre en considération différents facteurs.

Premièrement, instaurer une nouvelle politique nécessite un changement d’organisation et certains employés peuvent montrer une résistance face au changement. En effet, une modification des habitudes peut être une source de stress pour les employés qui ont peur de voir leur rémunération, statut ou carrière affectées. Pour éviter toutes sortes de résistance il sera important de rassurer les personnes craintives en ayant une communication claire et de les accompagner dans ce changement afin de les aider à accepter la nouvelle organisation.

De plus, pour certaines personnes effectuer le travail de 5 jours sur 4 s’avère difficile et cela représentera une charge de travail intense. Il sera alors nécessaire de les aider à s’organiser de manière efficace en priorisant les tâches pour arriver à faire le même volume de travail en un temps réduit.

Toutefois, mettre en place une semaine de travail plus courte n’est pas adaptable à tous les secteurs d’activités notamment ceux qui nécessitent une présence en continue entre autres le secteur de la santé ou de l’industrie.

Enfin, la mise en place de cette politique demande une nouvelle organisation des horaires de travail, il faudra être en mesure de satisfaire les demandes des clients ou partenaires avec un effectif réduit, pour se faire il sera nécessaire de communiquer sur les nouveaux horaires et de créer des processus qui permettront de traiter les demandes lorsque les salariés seront en repos.

Il existe néanmoins des solutions alternatives qui permettent de réduire le temps de travail sans appliqué la semaine de 4 jours :

  • Adopter la journée de travail réduite  : au lieu de travailler 7 heures par jour, les employés pourraient travailler 6 heures ou même moins par jours.
  • La mise en place du télétravail  : permet d’éviter de perdre du temps dans les déplacements et donc d’en gagner pour des occupations plus personnelles, cette idée pourrait être d’avantage développée lors d’un prochain article.
  • Les horaires flexibles  : Laisser aux employés la possibilité de choisir les horaires de travail qui leur conviennent le mieux en fonction de leurs impératifs familiaux, de santé ou bien même de leurs envies.
  • Les congés payés supplémentaires  : Certaines entreprises offrent une semaine de congés payés supplémentaires pour que les employés puissent se ressourcer et revenir plus motivé.
  • L’automatisation  : l’automatisation de certaines tâches pourrait réduire la charge de travail de chacun, ce qui permet de travailler moins d’heures sans sacrifier la productivité.
  • La réduction des réunions  : Beaucoup de réunion sont inutiles, prennent beaucoup de temps car elles sont mal organisées en amont, en optimisant leur durée et en préparant l’ordre du jour cela permettra aux salariés de gagner du temps et donc ils pourront se concentrer sur d’autres tâches.

En conclusion, nous pouvons retenir que la gestion du temps de travail doit évoluer.

Il n’est plus impératif de rester des heures au bureau pour être au maximum de sa productivité, il faut seulement savoir organiser son temps et réduire les obstacles à la productivité.

Avant de vouloir instaurer une politique plus flexible, les employeurs doivent questionner les employés, les accompagner dans ce changement et mettre en place une phase de test pour ne pas prendre trop de risques. Sa réussite dépendra de la capacité du dirigeant à comprendre l’enjeu potentiel de cette politique, puis de savoir l’expliquer au personnel et aux décideurs.

Gérer le temps de travail de manière plus efficace réduit le surmenage qui peut avoir des conséquences graves sur la santé physique et mentale des travailleurs, et donc sur la productivité. Les entreprises doivent être encouragées à adopter la flexibilité du travail pour permettre un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Pour obtenir une performance optimale au travail, le bien-être et la santé mentale et physique des salariés sont l’éléments clé de la réussite. Il faut reconnaitre la nécessité de leur accorder du temps pour se reposer et se détendre. Pour se faire, la législation doit définir les principes de la flexibilité afin de créer un espace où employeurs et employés peuvent s’entendre sur les conditions flexibles qui seront profitables aux deux parties.

Concernant la semaine de 4 jours, elle ne pourra être un pilier du travail de demain que, si les lois existantes sont modifiées et si seulement, les politiques de flexibilité sont adaptées. Le plus grand obstacle interne à la semaine de 4 jours est en réalité la résistance intellectuelle des chefs d’entreprise, bien que de nombreux employeurs perçoivent le potentiel d’une semaine de travail réduite qui renforce la productivité.

Il est donc tout à fait possible de travailler moins et d’obtenir un meilleur résultat en termes de productivité, de chiffre d’affaires, de bien-être des salariés cela dépendra de la politique appliquée par l’entreprise et des objectifs fixés.

Elisa FEUILLET

Chargée de communication VAST PRO

Article basé sur la réalisation de ma thèse professionnelle de 2023 « Peut-on aménager son travail différemment tout en restant productif » ; Les hypothèses sont essentiellement fondées sur des ouvrages tels que :

  • Andrew BARNES et Stéphanie JONES (2020). « Semaine de 4 jours payés 5 »
  • Pierre Eric SUTTER (2016). « Travailler sans s’épuiser »
  • Pierre CAHUC et Pierre GRANIER (1997). « La réduction du temps de travail : une solution pour l’emploi ? »
  • Emilie VAYRE (2022). « Le travail humain »
  • Hélène STEVENS (2017). « Travail et dépossession »